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20 octobre 2021 3 20 /10 /octobre /2021 11:12

Suite à une étude approfondie réalisée à la demande du ministère de la culture dans les toutes premières années 2000, j(ai été en contact avec diverses personnalités du monde musical et en particulier avec des professionnels de la voix parlée ou chantée. C’est à la suite de ces rencontres que j’ai décidé d’éditer mes lettres AUX CHANTEURS EN DEVENIR » Ce livre a contribué à me permettre d’avoir encore plus d’échanges avec le monde artistique et pédagogique qui entoure et assure la formation  des chanteurs quel que soit leurs  orientations

Si dans les années 90 les responsables du Conservatoire supérieur de musique de Lyon me demandaient d’adresser une lettre de motivation pour un poste de professeur de chant qu’ils souhaitaient me proposer je recevais, après avoir spécifié dans cette lettre mon souhait de créer des passerelles entre les diverses disciplines offertes à la voix chantée (jazz, chanson , lyrique…),une lettre me disant qu’il n’en était pas question…Aujourd’hui cette vision pédagogique est non seulement d(actualité mais très recherchée ! Si mes problèmes de santé ne me permettent plus d’assurer le rythme soutenu demandé par des cours dans un tel établissement il m’est encore possible d’en donner, dans un rythme moins soutenu, et j’avoue être très heureuse d’avoir pendant plus de trente ans exercé mon professorat dans une optique d’ouverture aux différents styles qu’offre la voix

 

Quelques réflexions concernant cette étude :

 

INTRODUCTION

 

 

  1. Des évolutions positives

L'analyse de ce que produit l'enseignement du chant dans notre pays conduit à relever des évolutions positives.

Il semble par exemple acquis que le niveau moyen de formation des chanteurs est aujourd'hui bien meilleur qu'il ne l'était dix ans ou vingt ans auparavant[1] (en termes de formation musicale[2] particulièrement, mais aussi en termes de formation vocale).

On constate également une capacité accrue des jeunes chanteurs à s'adapter à la diversité des demandes qui leur sont faites (musique contemporaine, musique ancienne, théâtre musical, ensemble vocal…). Se dégage ainsi un nouveau profil de chanteurs, plus polyvalents, moins spécialisés dans un seul répertoire, et parmi lesquels un nombre significatif réalise une carrière de soliste en France et au-delà.

 

Pour une part, ces évolutions résultent des politiques menées par l'Etat et par les institutions qu'il soutient : modifications du contenu des enseignements dans les CNSMD[3], créations de filières pédagogiques et de diplômes pour les enseignants (DE[4], CA[5]), politique d'aide à l'insertion s'appuyant sur les centres de Paris, Lyon, Colmar, Marseille, Versailles, Royaumont, création d'ensembles vocaux, de compagnies lyriques dans les années 80…

 

Elles se sont également réalisées sous la pression de réalités musicales. En particulier, le "mouvement baroque", en renouvelant les hommes, les approches et les modes de production, a suscité et suscite toujours l'émergence de jeunes chanteurs qui, souvent, prennent appui sur ce premier cheminement pour aborder ensuite d'autres répertoires.

  1. Des difficultés récurrentes

L’image des chanteurs français reste cependant difficile : nos entretiens nous l'ont nettement confirmé.

Une large majorité des directeurs d'opéra consultés perçoivent en effet les solistes issus du système français comme trop peu préparés aux réalités professionnelles (problèmes de langues, manque d'habitude de la scène…), incomplètement formés musicalement (manque de répertoire, problèmes d’ensemble…), et  trop protégés, donc insuffisamment volontaires et adaptables.

 

La réalité semble confirmer ce problème d'image puisque, même pour des ouvrages français (a priori plus faciles à distribuer avec des chanteurs de langue française), les directeurs d’opéra et les chefs d'orchestre donnent très fréquemment leur préférence à des chanteurs non-français. On peut par exemple relever qu'il n'y aura que peu de français dans la distribution des Troyens de Berlioz, prévus au Châtelet en 2003 sous la direction de J.E. Gardiner ; et que pour les quatre productions d’ouvrages français programmés en 2002 et 2003 au Metropolitan de New York, un seul chanteur français sera engagé (R. Alagna), qui n'a d'ailleurs pas été formé dans le système français. On aurait pu également citer quelques distributions d'ouvrages français à l'Opéra de Paris.

 

Du côté des chœurs et des ensembles, la situation n'est guère différente. Tout en affirmant que le niveau moyen constaté est meilleur que dix ou vingt ans auparavant, les responsables de chœurs et d'ensembles consultés nous ont tous fait part des problèmes qu'ils rencontrent pour trouver les chanteurs dont ils ont besoin, et ce d'autant plus si le recrutement se déroule hors de l'Ile de France. Cette fois, c'est la difficulté des chanteurs à s'insérer dans un ensemble qui est relevée (liée, selon nos interlocuteurs, à un problème de formation) et la survivance d'une prévention contre l'activité de chanteur tuttiste[6] (qu'ils rattachent là encore à un problème de formation, mais aussi à un problème de statut et de niveau de rémunération[7] des chanteurs tuttistes).

 

 

[1] Cette analyse est partagée par une large majorité de ceux que nous avons rencontrés dans le cadre de cette étude et qui recrutent des musiciens pour un chœur ou pour un ensemble vocal.

[2] Par formation musicale, nous entendons ici tout ce qui concourt à la formation générale du musicien.

[3] Conservatoires nationaux de musique et de danse (Paris et Lyon)

[4] DE : diplôme d'Etat

[5] CA : certificat d'aptitude

[6] Nous avons préféré utiliser le terme de "tuttiste" à celui de "choriste" dans ce rapport. Le terme de "tuttiste", auquel répond celui de "soliste", nous semble en effet mieux adapté à la diversité des situations musicales rencontrés par les chanteurs professionnels.

[7] Quoique l'organisation du travail soit différente (par exemple, les temps de répétition sont généralement plus courts pour les chanteurs que pour les instrumentistes des orchestres) on peut avancer que les chanteurs tuttistes membres de formations permanentes (chœurs d'opéra, de radio) reçoivent un salaire de 10 à 15%  inférieur à celui des instrumentistes travaillant dans les mêmes établissements.

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