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5 décembre 2021 7 05 /12 /décembre /2021 10:33

Il y a trois/quatre ans ou un peu plus…La municipalité d’Avignon en supprimant les chalets de noël sur la place de l’horloge et en remplaçant la crèche traditionnelle dans le hall de la mairie par un arbre entouré de petites girafes !!! Soulevait une polémique qui me parut logique , que l’on soit croyant ou non. Je suis pour la défense de la laïcité et c’est justement en son nom qu’il me semble important de respecter nos traditions car notre crèche provençale, avec ses santons, est un hommage à tout les métiers exercés par ceux que l’on nomme les « gens du peuple » et, en même temps l’étable, où a trouvé refuge un couple chassé par tous ( cet femme et cet homme sont pauvres et étrangers) est plutôt un bel exemple de cette solidarité qu’il ne nous faut pas oublier surtout à une période ou de tristes sires tentent de propager la peur de « l’Autre »  L’important est que cette période de Noël garde toute sa dimension d’ouverture à cet autre qui diffère peut-être de notre façon de vivre, de nos croyances…

Cette parenthèse municipale d’Avignon m’a à l’époque inspiré un de mes contes qui de plus se trouve à mi-chemin d’un récit tout ce qui a de plus authentique puisqu’il parle de la Girafe Zarafa, la girafe, offerte par Méhémet-Ali gouverneur égyptien (1769-1849) à Charles X  vers 1824

Cette girafe débarque à Marseille par bateau et elle y passe l’hiver pour s’habituer au climat. Grâce à une véritable caravane et escorte, elle rejoint Paris à pied. Elle se repose 2 jours à Avignon, 4 jours à Lyon, un repos bien mérité pour ce périple. Elle sera présentée au roi, impatient seulement en juillet 1827.Cette girafe vécue (à Paris) 18 ans…

Pour cette « petite » girafe et tous ceux pour qui Noël est la période de tous les possibles…

 

 

 

MON CONTE DE NOEL

 

 

LA REVOLTE DES SANTONS

 

Le Ravi se frotta les yeux…Certes il avait dormi un peu tard mais c’est qu’il se réservait pour la nuit de Noël ! Cette nuit magique au cours de laquelle était né le « Divin Petit » Comme le nommait avec tendresse cet écrivain si peu catholique mais respectueux des traditions et soucieux de défendre le patrimoine culturel de son Pays de Provence …Ce pays dont l’histoire est jalonnée de violences et d’amour et ce depuis l’antiquité, comme le prouve les statues remontées du fond du Rhône où elles avaient séjournées quelques siècles.  La Provence   Terre de légendes  mais aussi parsemée de monuments attestant de ses origines judéo-chrétiennes     : Châteaux, églises, monastères, chapelles, oratoires  sont autant de traces tangibles de nos racines. Yvan Audouard dont Pagnol disait qu’il avait sûrement gagné sa place dans un paradis auquel il ne croyait pas en écrivant sa « Pastorale »  dans la préface qu’il écrivit pour présenter ce qu’il considérait comme un véritable petit chef d’œuvre : La Pastorale des Santons de   Provence.

Mais justement où étaient passés les santonniers qui (le Ravi en était certain lui qui passait entre tous les étals qui présentaient, chaque année à la Noël, leurs plus belles créations. Tous ces santons qui représentaient l’ensemble du  petit peuple de Provence dans ses activités quotidiennes et qui lui faisait répéter « Que le monde est joli ! Que le monde est beau !  » Le ravi avait beau se frotter les yeux il ne voyait qu’une place tristement désertée de tous   Pourtant il savait bien que les santons et la Provence c’étaient une longue et belle histoire d’amour …

…Il se raconte  que la première crèche a été conçue au Moyen-âge, époque ou, en Italie, saint François d’Assise voulant représenter la Nativité eut l’idée de créer une scène avec de vrais personnages qui incarneraient les personnages de cette histoire. De véritables animaux encadraient les acteurs. Cette initiative c’est vite répandue de pays en pays Chrétiens devenant une façon traditionnelle de fêter la naissance de Jésus Mais comme il n’était pas toujours facile de réunir personnages et animaux vivants, petit à petit de petites statuettes réalisées dans différents matériaux  les remplacèrent.

A La Révolution Française, les Eglises furent pillées et fermées ! En Provence on a le sang chaud ! Et le peuple de Provence ne pouvant admettre que l’on touche à une de leurs plus belles traditions (ni qu’on leur impose une façon de penser…)  décida de faire en sorte que la tradition de leurs crèches perdure et croyants ou non croyants se mirent à créer   leurs propres figurines qu’ils nommèrent « Santoun » (petits saints) Si, au début ces figurines furent réalisées avec de la mie de pain les Provençaux se tournèrent rapidement vers un des trésors de leur terre : l’argile rouge. où, plus exactement un Provençal, un Marseillais  qui vécut de 1764 à 1822 a été le premier artiste santonnier à utiliser cette argile pour sculpter les personnages destinés aux crèches de sa région : Les crèches provençales.

Si, à ses débuts Jean-Louis Lagnel réalisait chaque élément de ses figurines séparément pour les réunir ensuite à l’aide d’un peu d’argile délayée il eut l’idée géniale de créer un moule pour chaque personnage et cette façon de procéder perdure encore de nos jours. Inventif, créatif, Jean-Louis Lagnel (au nom prédestiné…) eut l’idée de construire autour de la crèche un village provençal dans lequel on peut voir des figurines représentant les habitants dans l’exercice de leurs divers métiers ou occupations…Cet artisanat n’a depuis cessé d’évoluer et les santonniers sont fiers, à juste titre de montrer chaque année sur la voie publique comme La Canebière à Marseille, leurs plus belles réalisations  offrant ainsi un spectacle coloré qui fait honneur à cette profession artistique sans laquelle les Noëls de Provence de seraient plus tout à fait les mêmes…

 

Sans trop savoir pourquoi le Ravi eut soudain envie de pleurer…Pour se consoler il décida de faire un tour dans le hall d’entrée de la mairie d’Avignon qui avait souvent accueilli une magnifique crèche qui faisait honneur à cet artisanat si indispensable pour ouvrir les yeux et le cœur de ceux qui souhaitent découvrir les coutumes, les traditions d’une région en partageant ce qu’ils ont de plus précieux leur histoire…

 

Oh mon Dieu ! Dites-moi que je rêve !  Qu’est-ce qui se passe ? Nous sommes bien à Avignon ? C’est quoi ce sapin de Noël entouré  de girafes ?  Elles sont mignonnes mais que viennent-t-elles faire ici ? Ah je crois savoir elles ont voulu venir avec les dromadaires des Rois Mages…Mais où sont les Rois Mages ?  Leurs dromadaires ?  Où sont le bœuf et l’âne ?

 

 -  Je n’y suis pour rien tu sais... Nous nous sommes retrouvées là mes sœurs et moi enfermées autour de ce sapin sur lequel ne brille aucune étoile ?  Où on ne voit pas le moindre petit ange…

 

  • Mais soudain la petite girafe se tait …Quel est ce brouhaha ?
  •  

Le Ravi regarde, stupéfait ! Une foule de santons ou plus exactement de provençaux vêtus de leurs habits traditionnels…Ils suivent une autre foule qui est composée des mêmes personnages sauf qu’ils sont tous beaucoup plus petits…Des santons ! des vrais de vrais santons répliques de tous ces hommes et femmes qui arrivent de plus en plus nombreux devant la mairie et se dirigent résolument vers la place du Palais des Papes …

 

  • Ce sont mes amis les santons !  Suivons-les ! qu’ils sont jolis ! Qu’ils sont beaux !  Il y a la vierge Marie ; Saint Joseph, oh ! Le petit âne et le bœuf mais que se passe-t-il ?  Il y  AUSSI LES Rois mages avec leurs présents et leurs dromadaires ! Regarde petite girafe la poissonnière qui se dispute avec son mari ! Ecoutes il y a de la musique ! Que c’est joli ! Que c’est beau !

 

  • Tu peux me dire ce qui se passe Ravi ?

 

  • Je crois que tout le petit peuple de nos villages de Provence s’est donné rendez-vous devant ce merveilleux monument qu’est le Palais des Papes et que l’on vient du monde entier pour visiter et admirer ce formidable témoignage de nos racines Chrétiennes, d’un passé prestigieux.

 

Le Ravi et la petite girafe se retournèrent vers celui qui venait de parler

 

 -Qui es-tu ?

 

  • Juste un de ces  santonniers anonymes  qui animaient il y a encore peu la place de l’Horloge en peuplant les chalets du marché de Noël de la ville d’Avignon de toutes ces petites créatures qui, aujourd’hui, conduisent la marche de tous ces gens de Provence dont ils sont les répliques qui permettent souvent de raconter l’histoire d’un de ces villages que l’on nous envie sur tous les continents et qui font que l’on vient de Chine, du Japon, des U.S.A.  de Russie, des Indes, d’Afrique et de nombreux autres pays pour découvrir  gens et paysages de Provence ainsi que son histoire…C’est un peu tout cela à la fois que nous racontons avec nos santons. Il y a non loin d’ici un  santonnier qui est aussi écrivain, conteur ce qui lui permet de présenter en chansons plusieurs de ces santons qui sont venus pour qu’on ne les oublie pas et surtout qu e l’on ne les enferme pas !

 

  • Il parle de moi ton conteur ?

 

  • Bien sûr ! Le Ravi tu es un de ceux qui auront une place privilégiée dans le cœur de Jésus (celui qui va naître dans la crèche) lorsqu’il sera grand…

 

  • Tu crois qu’ils veulent faire une grande crèche vivante sur cette place ?

 

  • Non, Ravi, les santons ont tenu à se réunir sur cette place symbolique mais regarde ! Maintenant ils vont se rendre sur cette place de l’horloge qui, privée de ses chalets de Noël, t’a parue si triste tout à l’heure. Et ce n’est pas seulement pour eux qu’ils vont s’y rendre mais pour tous ceux qui font tout ce qu’il est leur en pouvoir pour que la rue de la République jadis si vivante et aujourd’hui, se retrouvant avec de trop nombreux magasins fermés, parfois même laissés à l’abandon redevienne, pendant ces jours fêtant Noël, une artère joyeuse sur laquelle se presseront tous ceux qui voudront voir et les santons et leurs pères et mères.

 

  • Il aura une grande crèche ?

 

  • Oui Ravi, mais dehors car la maison du peuple ne veut pas lui donner refuge. Oh ! Note bien que cela n’a guère changé : jadis à Bethléem Marie et Joseph n’ont trouvé qu’une étable pour les accueillir

 

  • Cela a permis au bœuf t à l’âne de veiller à ce que le « divin petit’ n’attrape pas froid.

 

  • Tu as raison Ravi allez viens, nous aussi nous allons suivre les santons…

 

  • Un sanglot étouffé l’interrompit…C’était la petite girafe qui restait là sans bouger…

 

  • Et bien, petite tu ne viens pas ?

 

  • Comment le pourrais-je ? c’est à cause de moi que la crèche ne peut entrer dans la mairie…

 

  • Ne dis pas de bêtises petite, ce sont les hommes qui font souvent n’importe quoi ! toi, au contraire viens, tu as ta place car les animaux savent bien que l’important c’est de partager et quel plus joli partage que celui de protéger un nouveau né ? Viens ! l’Âne, le bœuf, les agneaux, les dromadaires, des Rois mages, sans oublier les rennes qui conduisent le traîneau du père Noël, t’accueilleront tous avec plaisir et je suis sûr que les enfants seront les premiers à être heureux de ta présence et les grands suivront…L’important est d’être ensemble car comme le dira un jour le Divin Petit « Aimez-vous les uns les autres et Paix aux hommes de bonne volonté »…

     

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